Depuis plus
de 15 ans, c’est
une nouvelle vie
qui se dessine pour
l’église du Gesù,
désaffectée et
à l’abandon depuis
sa désacralisation
en 1977.

Entre les travées de l’église se dessine un projet d’avenir : un marché couvert dédié à la gastronomie et aux savoir-faire belges et bruxellois.
Avec une ambition : rendre hommage à ce site d’exception avec l’envie de le partager, de le faire découvrir et d’en faire un lieu de convivialité et de plaisir.

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Le coup de cœur

C’est en 2004 que le site du GESÙ, comprenant l’église, le couvent, la chapelle et les bâtiments d’angle de la rue Royale et de la chaussée de Haecht, est proposé à l’achat au groupe ROSEBUD, actif dans les réalisations hôtelières en Suisse. Pierre Buyssens, partenaire du groupe, né à Bruxelles et domicilié depuis son enfance en Suisse, vient visiter ce lieu d’exception en plein centre de Bruxelles. Immédiatement, il tombe sous le charme de l’église du Gesù, pourtant dans un triste état, vétuste et partiellement délabrée.

Mais qu’à cela ne tienne, l’endroit est trop beau, véritablement magique avec sa haute nef classique, ses grandes caves pleines de mystères et son couvent qui donne sur un jardin intérieur sauvage et luxuriant.

C’est ainsi qu’en 2004 le groupe Rosebud signe une option d’achat pour le site.

Et, 3 ans plus tard, la société Rue Royale SA, filiale du groupe et constituée pour ce projet, acquiert officiellement le site qui s’apprête à connaître une nouvelle vie.

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Une première idée

Entre 2004 et 2006, le groupe réfléchit au destin à donner à ce site d’exception. Forts de son expérience en la matière, l’équipe de Rue Royale SA imagine tout d’abord réhabiliter le lieu en un hôtel de standing de 150 chambres assorti de logements. Si l’idée est originale, le défi est immense et les travaux à prévoir, colossaux. Toutefois, les études préalables sont menées et, en février 2006, une demande de permis d’urbanisme est introduite auprès des autorités communales et régionales compétentes.

Les premiers retours sont positifs mais les aspects techniques sont d’une extrême complexité. C’est ainsi qu’en dépit de l’avis favorable rendu par la Commission de concertation à la demande de permis, le projet butte sur les questions de parking et de zones d’accès pour les livraisons de marchandises. Les conditions à remplir se révèlent finalement trop complexes et les initiateurs du projet décident de repenser le projet.

Entretemps, la Commission Royale des Monuments et Sites a adopté comme résolution de ne plus autoriser la démolition des immeubles à l’angle de la rue Royale et de la Chaussée de Haecht, ce qui a pour conséquence de diminuer drastiquement le potentiel des surfaces habitables.

Par un lent processus de maturation, le projet s’est développé et précisé, au bénéfice des Bruxelloises et Bruxellois.
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Recentrer le projet

La décision prise par la Commission Royale des Monuments et Sites a changé quelque peu la donne. Il importe alors de redessiner le projet d’aménagement du site du Gesù sans démolir l’immeuble d’angle. Intéressant casse-tête ! La solution la plus simple étant parfois la meilleure, l’équipe de Rue Royale SA propose de recentrer le projet autour de la construction d’un hôtel de standing de 150 chambres et dépose une nouvelle demande de permis d’urbanisme dans ce sens le 20 août 2007.

Celui-ci reçoit un accueil tout à fait positif, les conditions suspensives ayant été levées, et le permis d’urbanisme est délivré par le Collège des Bourgmestres et Échevins de la Commune de Saint-Josse-ten-Noode le 7 juillet 2009.

Mais, en septembre, l’ARAU et Inter-Environnement déposent un recours en annulation du permis devant le Conseil d’État, arguant du fait que la nature du site (le couvent) devait être considéré comme logement et qu’en vertu du Plan Régional d'Affectation du Sol (PRAS), tout logement perdu doit être reconstruit. Dans un premier temps, l’auditeur mobilisé pour le projet déboute les plaignants mais le Conseil d’État leur donne raison, considérant qu’un couvent doit être considéré comme du logement et qu’il s’impose donc de prévoir dans le projet, la compensation des 6000 mètres carrés de couvent en logements.

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S’adapter aux contraintes

Les contraintes à respecter se multiplient et se complexifient. Il faut donc repenser le projet une nouvelle fois.

L’équipe de Rue Royale SA s’étoffe avec l’arrivée en Belgique d’Alexandre Buyssens, fils de Pierre. Elle développe un nouveau projet qui concilie les différentes demandes exprimées par les pouvoirs publics. Et, le 29 septembre 2013, c’est un nouveau dossier qui est déposé et qui prévoit la construction d’un hôtel de standing dont les chambres sont réduites à 75 unités, assorti d’un restaurant et de 77 logements sur une surface construite de 32.800 m². A nouveau, le permis d’urbanisme reçoit un accueil favorable de la Commission de concertation de la Commune avant d’être accordé par le fonctionnaire délégué en août 2015.

Mais force est de constater que le sujet est sensible. Et, en novembre 2015, l’ARAU et Inter-Environnement déposent un nouveau recours en annulation du permis d’urbanisme devant le Conseil d’État.

Fondamentalement, le nouveau projet n’est pas remis en cause dans cette procédure. Ce qui pose problème, c’est le calcul par la Région bruxelloise des charges d’urbanisme jugées trop faibles, c’est-à-dire schématiquement la part des logements conventionnés (au coût locatif réglementé).

Le sujet est très technique et donne lieu à de longs échanges et réflexions. Ainsi, après 20 mois, l’Auditeur rend en juillet 2017 un rapport qui conclut à la non-recevabilité du recours. Mais, après un nouveau délai de 8 mois, le Conseil d’État estime dans son arrêt que les débats ne peuvent être clôturés et que l’instruction doit être poursuivie.

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Gérer l’occupation du site

Outre ces questions éminemment administratives, le projet entraîne des considérations à la fois humanitaires et juridiques. En effet, entretemps, en janvier 2010, suite à la demande des autorités régionales, et avec l’accord sous conditions de Rue Royale SA, une centaine de sans-papiers se sont installés avec le soutien de l’Union des Locataires Marollienne dans les chambres abandonnées du couvent pour affronter les rigueurs de l’hiver.

Malheureusement, les conditions requises par Rue Royale SA pour accepter cette occupation n’ont pas été réalisées. Malgré cela, Rue Royale SA se refuse catégoriquement à demander une ordonnance d’expulsion de ces occupants et privilégie la voie de la conciliation avec la mise en place et la signature d’une convention d’occupation précaire qui, a minima, fournit un cadre pour gérer cette situation complexe.

Pendant près de 4 ans, ces sans-papiers vont vivre dans le site, en y déposant d’ailleurs leurs empreintes créatives entre fresques et graffitis. Malheureusement leur situation s’est progressivement dégradée au fil des ans, avec une grande insécurité pour les occupants eux-mêmes, mais également pour le voisinage. Au point que l’équipe de Rue Royale SA sollicite en septembre 2013 l’aide des pouvoirs publics pour trouver ensemble une solution afin d’assainir les lieux et de les sécuriser, permettant ainsi de maintenir ce lieu d’accueil pour les sans-papiers. La Commune de Saint-Josse-ten-Noode prend ses responsabilités en s’efforçant de proposer des alternatives de relogement à ces quelques 200 sans-abri. Certains choisissent de partir tandis que d’autres restent. Et, en novembre 2013, à la demande du bourgmestre, les occupants encore sur le site sont contraints par les forces de police de quitter les lieux.

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Un tout nouveau concept

Les pouvoirs publics tiennent à la réalisation du projet et à la réhabilitation du site du Gesù. Preuve en est l’octroi en février 2019 d’un nouveau permis d’urbanisme à la société Rue Royale SA sur la base d’un projet remanié prévoyant 20 logements conventionnés au lieu des 9 proposés initialement. Mais, pour Pierre et Alexandre Buyssens, la situation a évolué dans l’intervalle.

L’urbanisme, le logement et les habitudes citadines ont changé. Habitat partagé, espaces de convivialité, proximité retrouvée… le monde d’aujourd’hui s’observe à travers ce qui se fait de nouveau dans les grandes capitales européennes.

C’est donc sur la base de ces réflexions profondes que l’équipe de Rue Royale a choisi de développer un concept renouvelé, en phase avec les aspirations des Bruxelloises et Bruxellois d’aujourd’hui.

Soigneusement dessiné, ce nouveau concept prévoit la création dans l’église du Gesù, et dans tous les rez-de-chaussée entourant le jardin intérieur, d’un marché couvert dédié principalement aux produits locaux, à la dégustation et aux plaisirs partagés.

À suivre, à suivre…